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British Journal of Photography : Julia Gat’s decade-long project invites us to reimagine what we define as learning

The 25-year-old photographer and her four siblings were homeschooled, guided by their desires and passions rather than a prescribed curriculum

‘Khamsa’ refers to a palm-shaped amulet popular throughout North Africa and the Middle East. Translating to ‘five’ in Arabic, it depicts an open right palm. When repeated three times, it acts as a protective incantation from the evil eye. For 25-year-old artist Julia Gat, ‘Khamsa’ represents the idyllic environment in which she and her four younger siblings were raised. Having moved to the south of France from Israel in 2007, the five siblings were home-schooled, and grew up speaking Hebrew, English and French. Their parents followed an alternative educational philosophy called ‘Unschooling’, an approach led by each child’s needs and desires. 

Khamsa Khamsa Khamsa is Gat’s decade-long autobiographical project. Beginning when she was 15 years old, it documents her family, but also their “intimate bubble” of friends and neighbours who also pursued an alternative route to education. For the first seven years of their lives, the children were encouraged to play – to immerse themselves in activities and socialising. “We grew up in a bubble,” she says. “A self-created world, playing games and inventing characters.” From the age of 14, they were encouraged to pursue a certain path. Her two youngest siblings are still figuring out their passions; her second eldest Nina is pursuing a career as a jazz pianist; and for Gat, it was photography. 

“Without school to distract us, everything fell into place,” says Gat. “There was definitely a sensation of freedom, that you were able to build your own curriculum, and actually choose what you want to do with your time… With this comes a great deal of responsibility.” Rather than following a prescribed route, “you really decide,” she continues, “you realise to what extent your life is in your own hands”.

Born in 1997 in Israel, and now based between Marseille and Rotterdam, Gat’s work has received recognition from numerous international awards, and has been exhibited in Europe and the US. She is currently exhibiting Khamsa Khamsa Khamsa as part of the official programme of Les Rencontres d’Arles, but also as a solo show at Galerie Huit Arles. Last week, she launched her debut photo book with French publisher Actes Sude, to coincide with the opening of the festival. 

“Homeschooling is not a system. You let the plant grow, and you see what it becomes”

As time goes on, Gat is “more and more grateful” for the childhood her parents chose for her. In engaging with her work, Gat hopes viewers will recognise that there are alternative routes to traditional educational structures, which don’t always serve every individual. “It’s like asking an elephant, a fish and a monkey to climb a tree. They don’t all have the same skills,” she says. “[Homeschooling] is not a system. You let the plant grow, and you see what it becomes.” 

Documenting moments of joy, intimacy, and play, Khamsa Khamsa Khamsa is an invitation to reimagine what we define as learning. But it is also an autobiography, an intimate document of Gat’s unique childhood, as well as her development as a photographer. In the words of her mother: “Your archive keeps that world we lived in as a real place, which otherwise could be easily mistaken for a dream.”

Julia Gat is exhibiting at Galerie Huit Arles and Les Rencontres D’Arles until 25 September 2022.

L'Intervalle Blog : Libertés d’une fratrie, par Julia Gat, photographe

« Quand j’avais dix ans, je me suis promis de ne jamais oublier comment l’enfant voit le monde : tout est nouveau, l’imagination se mêle à la réalité et l’inconnu est passionnant. » (Julia Gat)

Khamsa signifie en arabe « cinq ». Prononcé trois fois – titre du livre publié chez Actes Sud, dans la belle collection 48 Vues, de la photographe Julia Gat -, il relève du mantra, ou de la formule incantatoire.

Parce que chez les Gat, il y a cinq frères (Michael, Jonathan) et sœurs (Sara, Nina, Julie). Parce qu’il y a cinq doigts dans chaque main, dans chaque pied, et qu’on peut les entrelacer pour toujours.

Khamsa khamsa khamsa est donc cela, un geste de sorcellerie fraternelle, une protection supérieure, une façon de lier par la force de l’art les membres d’une famille, de les unir au-delà des vicissitudes du temps et des mouvements des psychologies singulières.

Se présentant sous la forme d’une archive familiale – des mosaïques d’images ouvrent et ferment l’ouvrage – ce livre solaire est un éloge des interactions d’enfance doublé d’un portrait de chacun des protagonistes.

Née en 1997, Julia Gat écrit son quotidien avec le visage et les corps de ses proches, donnant aussi de l’espace méditerranéen dans lequel évolue la fatrie une impression très douce.

Il faut comprendre ici que la liberté de chacun vaut pour celle de tous, et que les parents ont choisi de ne pas élever leurs enfants selon le mode omnipotent de l’Education nationale.

« L’approche de mes parents consistait à nous accueillir au monde dans l’amour et la joie pendant les sept premières années, puis à nous laisser explorer des activités et la vie sociale jusqu’à l’âge de 14 ans et, enfin, à nous soutenir dans un projet personnel – dans mon cas photographe – qui se professionnalise jusqu’à nos 21 ans. »

Offrir à chaque être la chance de développer ses potentialités, ses talents – on remarquera ici la symbolique du chiffre 7 si fréquente dans la mystique juive -, et de ne rien lâcher sur son désir de fond, une fois le Graal découvert.

De fait, chacun rayonne d’une présence irréductible, entre tendresse et sauvagerie, surface grisante – ce sont des jeunes d’aujourd’hui saisis à différents âges, sans que les portraits pris sur le vif soient classés par ordre chronologique – et reflet d’une profondeur intérieure révélant une solitude.

 « A la maison, confie l’auteure de cet opus, nous parlons hébreu, anglais et français, ayant déménagé en France depuis Israël en 2007. Mais concrètement, nous avons grandi dans une bulle. Un monde imaginaire créé par nos jeux et nos personnages. »

Sara, photographiée dans une nouvelle maison située à Marseille en 2021, est extraordinaire, astre de lumière aux yeux et à la chevelure très noirs. Les couleurs de la petite enfance la caressent encore, la sensualité est un mode d’accès à l’existence disponible pour tous. Sara, c’est le feu d’une Indienne juive égarée dans un pays où elle est en exil.

Michael a les traits androgynes de qui n’a pas besoin de se genrer outrageusement pour se sentir puissant. C’est un esprit de l’air, la légèreté du sable lui va bien.

Son frère Jonathan a le visage des petits pages arthuriens, dont le destin est celui de combattre le mal. A lui l’épée de miséricorde et les rêves de sainteté. A lui l’ambition lazaréenne de réveiller les morts.

Nina est une mère universelle, farouche Madonna del Parto moyen-orientale, musique dansée de la régénération.

Quant à Julia, photographiée par sa tante Yahel Or Nir en Israël en 2001 tenant elle-même un boîtier de vision, elle est à la fois l’ensemble des images de sa fratrie déposées dans sa mémoire et sur le papier des éditions Actes Sud, mais aussi l’inconnue qui vient, la sans-visage, la femme qui témoigne, celle qui transmet le temps.   

Julia Gat, khamsa khamsa khamsa, texte (français/anglais) Julia Gat, édition Gérladine Lay, assistée de Nesma Merhoum, conception graphique Yann Linsart, Actes Sud, 2022

http://www.juliagatphotography.com/

https://www.actes-sud.fr/contributeurs/julia-gat

Deux expositions éponymes auront lieu à l’espace de la Croisière et à la Galerie Huit du 4 juillet au 26 septembre à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles 2022

https://www.leslibraires.fr/livre/20446472-khamsa-khamsa-khamsa-julia-gat-actes-sud?affiliate=intervalle

Publié par FABIENRIBERY le 28 JUIN 2022

Les 10 expos à ne pas rater en France cet été

Au programme : des installations impressionnantes, de l’art panafricain, des mèmes et des expos photo à visiter sous le soleil du Sud de la France.

Chaque mois, nous passons en revue les événements artistiques de notre beau pays, la France, afin de vous proposer la crème de la crème des expositions. Et cet été, vous aurez droit au soleil arlésien, à un “Voyage à Nantes”, à des “vagins ailés”, à des “peintures à vivre”, à de l’art panafricain, à des sculptures monumentales ainsi qu’à une belle collection de mèmes. Voici dix expositions à ne pas rater cet été.

Les Rencontres photographiques d’Arles

Pour sa 53e édition, le festival des Rencontres d’Arles veut “rendre visible l’invisible”. Que ce soit à travers des œuvres qui sortent des sentiers battus photographiques ou à travers des figures méconnues, une quarantaine d’expositions disséminées dans toute la ville répondront à cette problématique.

Parmi nos expositions coups de cœur, figurent la rétrospective de Lee Miller, les images de Sathish Kumar qui est retourné dans son village natal indien, les “photosynthèses” maniaques de Barbara Iweins qui a inventorié les nombreux objets de sa maison, les projets décoloniaux de Croisière et celui de Julia Gat sur sa famille, la neige dans l’objectif de Klavdij Sluban, ainsi que les photos de nuages et de cloud au Monoprix.

L’exposition collective à l’Église des Frères Prêcheurs a su nous toucher avec le projet poignant de Mika Sperling qui raconte l’inceste qu’elle a subi, celui de Daniel Jack Lyons qui a documenté la jeunesse trans et queer d’Amazonie, la série profonde de Gal Cipreste Marinelli et Rodrigo Masina Pinheiro sur leur transidentité et celle de Rahim Fortune sur le deuil de son père.

N’hésitez pas à passer à la Fondation Luma pour voir l’exposition monumentale d’Arthur Jafa autour de l’identité noire et du suprémacisme blanc, les clichés du photographe ghanéen James Barnor ainsi que le focus sur l’avant-garde féministe à la Mécanique Générale.

Jusqu’au 25 septembre 2022.

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Donnia Ghezlane-Lala

Visite des 53e Rencontres de la Photographie d’Arles 2022 : édition réussie !

Trente-cinq degrés à l’ombre, un petit fil d’air agréable dans certaines petites ruelles. Nous sommes bien arrivés à Arles, capitale de la photographie durant l’été, avec la 53e édition des Rencontres de la Photographie.

Du 4 juillet au 25 septembre 2022, 40 expositions réparties dans le centre ville et aux alentours vous proposent d’explorer le monde sur le thème “Visible ou invisible”. Sans compter le OFF, où chaque galerie ou lieu de passage accueille une exposition photo. Ici, la photographie est pensée comme révélatrice d’une nouvelle réalité, ou bien simplement comme un ingrédient essentiel pour éclairer notre regard sur certains sujets.

Hommage à Olivier Etcheverry

Le festival rend hommage à Olivier Etcheverry (1952-2022) qui a dessiné la scénographiedes rencontres et ses expositions depuis plus de 20 ans, en 1986 et 1987 puis de 2002 à 2022. L’homme avait une grande vision pour les Rencontres, en plaçant la photographie dans des lieux en marge, avec des installations colorées, vivantes, dans des espaces étonnants, comme des entrepôts, maisons abandonnées, ou encore la réserve d’un grand magasin, des cours d’école ou jardins urbains. Bref, des lieux inattendus qui, pour lui, permettaient de voir la photographie autrement.

Et c’est bien ce que l’on retrouve toujours durant cette 53e édition des Rencontres de la Photographie. À travers les rues sinueuses du centre ville historique d’Arles, autour de son arène, on se retrouve à regarder des photographies au coeur d’une église, sous les voutes fraîches d’un couvent, au premier étage d’un supermarché ou encore dans une friche de la gare SNCF.

Cette année encore, le festival s’organise autour d’un programme décompensé en cinq grand thèmes : Performer, Expérimenter, Emerger, Explorer & Témoigner et enfin Revisiter. Ce programme, qui mêle plusieurs générations de photographes, ainsi qu’autant d’approches différentes, propose une très grande variété d’expositions.

Performer, au féminin

Cette année, la performance est au féminin, puisque les 3 expositions sous ce thème concernent des femmes photographes. “On ne naît pas femme, on le devient”. C’est sur cette phrase de Simone de Beauvoir que l’exposition internationale Une avant-garde féministe débute, aux côtés d’une photo géante et floue de Sandra Brewster (série Blur). L’expo, à la Mécanique Générale, regroupe plus de 200 œuvres de 71 femmes artistes réalisées dans les années 70s. Elle aborde la construction de la féminité à cette époque et questionne la notion de féminin de manière subversive, ironique ou radicale. Cette exposition, issue de la collection autrichienne Collection Verbund, souligne le caractère pionnier de ces femmes, à l’origine pour certaines de mouvements féministes.

De son côté, la réalisatrice, directrice de la photographie et artiste franco-américaine Babette Mangolte, lauréate du prix Women in Motion 2022, voit son travail photographique sur la danse exposé à l’Eglise Sainte-Anne. Son exposition Capter le mouvement dans l’espace revient sur plus de 50 ans de chorégraphies et performances, où les gestes et mouvements sont capturés sur la pellicule. Sur les clichés, on retrouve notamment Yvonne Rainer, Lucinda Childs, Joan Jonas ou bien encore des pièces de théâtres d’avant-garde de Richard Foreman.

Enfin, la troisième exposition de cette série est celle de Susan Meiselas et Marta Gentilucci, qui exposent Cartographies du corps à l’Eglise Saint-Blaise. Dans ces installations vidéo, on retrouve les mains et leurs mouvements au centre, comme symbole de la vitalité, de l’histoire et de l’identité des femmes italiennes filmées.

Expérimenter

Qu’est-ce que la création sans expérimentation ? Sur ce point, Arles propose cette année encore de découvrir des visions artistiques où toute la place est donnée à l’expérimentation, que ce soit sur les formats, les collages d’image ou bien une nouvelle approche de la matière.

Ainsi, l’artiste Noémie Goudal aborde l’idée du temps long dans Phoenix, avec des films performatifs diffusés sur des écrans géants dans l’église des Trinitaires. Ici, illusions optiques et sonores nous proposent une autre vision de l’écologie, en faisant un pas dans l’ère post-anthropocentrique.

Une exposition monographique est consacrée à Bettina Grossman, artiste américaine dont l’oeuvre pluri-média et géométrique est saluée cette année. à la Mécanique Générale, l’artiste norvégienne Frida Orupabo rapporte, à travers des collages déformés de photos de corps humains issus des archives coloniales, le traumatisme subit par les femmes noires dans l’histoire.

Au Monoprix d’Arles, après avoir traversé la clim des rayons, le premier étage accueille, entre parpaings et tôle, un lieu d’exposition présentant le travail de Lukas Hoffmann et l’expo collective Chants du Ciel, la photographie, le nuage et le cloud. La série Evergreen de Lukas Hoffmann confronte deux séries bien différentes, toutes deux réalisées à la chambre, avec des séries présentées sous la forme de polyptiques en grand format. Le photographe mêle ainsi photo de rue à la chambre et à main levée à des clichés où béton et peinture prennent tout l’espace.

L’exposition collective Chants du Ciel, dont la commissaire Kathrin Schönegg est lauréate de la Bourse de recherche curatoriale des Rencontres d’Arles 2019, nous plonge la tête dans les nuages, mais pas forcément ceux auxquels on croit. Des nuages naturels, source d’inspiration forte de la photographie abstraite, on passe au Cloud, qui connecte aujourd’hui plus de 5 milliards d’internautes, et dont la machinerie informatique, faite de fibres, câbles, data centers et autres logiciels auto-apprenant reste un peu trop masqué de nos esprits.

Pourtant, la question de l’emprise du réseau, qu’elle soit sociale, démocratique, économique ou écologique, est forte et est ici questionnée par des artistes comme Adrian SauerRaphaël Dallaporta ou encore Evan Roth, qui combine vidéo slow motion et infrarouge pour dévoiler l’infrastructure bien physique de ce cloud virtuel, où plus d’un million de kilomètre de câbles sous-marin acheminent le trafic internet mondial.

Emerger, de nouvelles écritures photographiques

En plus de présenter des photographes reconnus, Les Rencontres d’Arles proposent, avec le Prix Découverte Louis Roederer, de découvrir des artistes émergents, présentés par des galeries, centres d’arts, institutions et autres lieux culturels. Cette année, une méga-exposition, présentée dans l’église gothique désaffectée des Frères-Prêcheurs, rassemble 10 projets en s’attachant au processus pré-photographique, ce qui a motivé l’artiste à réaliser son projet. Très souvent, l’expérience et l’intime sont au coeur des motivations.

Debmalya Roy Choudhuri pose la question de l’affirmation de soi dans la société, Rahim Fortune présente un travail autobiographique, débuté au chevet de son père malade, et qui se poursuit dans une Amérique bousculée par le Covid et le meurtre de Georges Floyd, qui a déclenché le mouvement Black Lives Matter.

L’artiste russe Olga Grotova, qui vît et travaille à Londres, revient sur l’histoire de sa grand-mère en Oural. Mika Sperling, autre artiste russe, tente de se réconcilier avec son passé et les abus de son grand-père, dans un travail entre textes et photos de famille où son grand-père est découpé, comme pour se reconstruire après le traumatisme caché depuis sa jeunesse.

Daniel Jack Lyons rejoint une Maison de la Jeunesse au Brésil où certains jeunes queer et trans, entre espoir et désillusion, acceptent de poser pour lui, réaffirmant leur identité. Le duo artistique brésilien G & H aborde l’image et les violences faites aux personnes LGBTQIA+ à travers des photos symboliques d’objets.

Seif Kousmate explore les oasis du Maroc, territoires en danger en raison de la surexploitation et de la sécheresse. Il utilise des procédés destructeurs sur ses images pour exprimer la dégradation des points d’eau de ces anciennes réserves de biosphère. Celeste Leeuwenburg aborde, à travers un film, sa filiation avec sa mère, entre patrimoine culturel et familial.

Le travail de Maya Inès Touam, enfant d’immigrés algériens, s’intéresse à la créolisation de la culture, en mélangeant l’oeuvre d’Henri Matisse avec des références artistiques à l’Afrique.

En mêlant photo et sculpture, Akeem Smith revient sur les soirées dancehall de Kingston en Jamaïque, un élément clé de l’identité nationale indigène.

Au cloître Saint-Trophime, Sathish Kumar nous donne à voir le quotidien d’un garçon de village en Inde du Sud, comme un journal photographique depuis son adolescence à aujourd’hui, désormais âgé de 36 ans. Arash Hanaei et Morad Montazami, artistes iranien et français, mêlent architecture utopique des années 1960-1970 au métavers et à la réalité augmentée, avec une exposition qui aurait pu faire partie du thème Expérimenter.

Ground Control, friche de la SNCF, expose les travaux de Cassandre Colas et Gaëlle Delort, deux diplômées de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie. L’espace Croisière présente quant à lui le travail de Pierfrancesco Celada, artiste italien installé à Hong-Kong depuis 2014 et qui dresse un portrait photographique de ce territoire aux réalités complexes et multiples.

Explorer & Témoigner

La photographie, plus qu’un moyen de réaliser des images, permet aussi de témoigner d’une réalité. Sous le thème Explorer & Témoigner, les Rencontres d’Arles présentent plusieurs projets photographiques d’observation, d’investigation ou de reportage. Si un arbre tombe dans une forêt regroupe par exemple le travail de plusieurs artistes qui s’intéressent aux vides et aux silences photographiés. Bruno Serralongue explose Les gardiens de l’eau, une enquête sur la lutte des Indiens Sioux de la réserve de Standing Rock aux Etats-Unis contre l’enfouissement d’un pipeline sous le fleuve Missouri, menaçant leur “terre sacrée”.

Julien Lombardi. Kauyumari, le cerf bleu, série La terre où est né le soleil, Mexique, 2017-2021

Julien Lombardi, photographe français entre Marseille et Mexico, a enquêté sur Wirikuta, une terre riche en mythes fondateurs mexicains. Léa Habourdin a quant à elle documenté pendant 2 ans les forêts protégées de France, et a réalisé des anthotypes, tirages créés à partir de matériel photosensible de plantes, mais sensibles à la lumière, donc éphémères.

Le duo de photographes de Ritual Inhabitual a enquêté sur la monoculture forestière au Chili et ses conséquences écologiques et politiques. A Ground Control, l’exposition collective Documents Imaginés montre la mise en scène de certaines photos “imaginées”, où chaque élément (cadre, décor, éclairage, sujets) est contrôlé, pour une photographie irréelle mais vouée à recréer des moments véçus. Une pratique fréquence en Asie du Sud.

Ritual Inhabitual. Paul Filutraru, rappeur du groupe Wechekeche ñi Trawün, Santiago du Chili, 2016

Au Musée départemental Arles Antique, une exposition collective montre la vie “telle qu’elle est” aux Etats-Unis avec des travaux de type “post-documentaires”, qui n’offrent pas d’histoire à raconter, si ce n’est des clichés montrant la vie. à l’ENSP, l’artiste Estefanía Peñafiel Loaiza suit en images les pas d’une certaine Carmen, femme disparue en Equateur après avoir rejoint un mouvement révolutionnaire. Le récit alterne entre recherche documentaire et fiction, troublant le témoignage.

Revisiter le travail de grands photographes

Enfin, si Arles s’intéresse à la photographie contemporaine, le festival offre également une grande place à l’histoire. Cette année, une grande exposition est dédiée à Lee Miller, femme photographe dont la carrière a subit de nombreux bouleversements.

Dans l’exposition Lee Miller, photographe professionnelle (1932-1945), on découvre le parcours étonnant de cette photographe américaine. À New York, elle est portraitiste et dispose de son studio de prise de vue, où elle réalise des photos de mode et de publicité.

Mais Lee Miller a également été photographe de guerre à partir de 1942, en devenant correspondante de guerre accréditée par l’armée américaine pour le magazine Vogue. Elle est ainsi au plus proche des forces armées et publie plusieurs reportages photo et textes. D’ailleurs, la qualité de sa plume (et de ses images) en font la coqueluche des éditeurs de magazine. Sans renier la photographie de mode, Lee Miller continue à photographier des scènes de mode dans la rue.

En 1945, elle accompagne l’armée lors de la libération des camps de concentration allemands de Buchenwald et Dachau et documente les prisonniers amaigris, les corps empilés, les fours crématoires.

De leur côté, la Croix Rouge et le Croissant Rouge proposent Un Monde à Guérir, une exposition regroupant plus de 160 ans de photographie issues des archives des deux organismes. Plus de 600 photos sont exposées au Palais de l’Archevêché. D’ailleurs, la création du Comité internationale de la Croix Rouge (1863) et l’invention de la photographie (1839) sont si proches que la photographie a toujours servie a montrer la réalité des drames sur le terrain ainsi que l’aide humanitaire apportée.

Au fil du temps, la photographie est passée d’outil de communication à un outil de témoignage, avec la figure du photographe professionnel dépêché sur le terrain. L’agence Magnum Photos a notamment beaucoup collaboré avec le CICR.

Dans cette exposition, on découvre la photographie mobilisatrice comme moyen de communication de masse avec les images de crises et de souffrance, qui permet de lever des fonds. La photographie permet aussi de montrer la réalité du terrain, du côté des victimes, ainsi que l’aide apportée par la Croix Rouge, logistique et humaine.

A l’espace Van Gogh, l’association Let’z Arles, qui a pour but de pouvoir la photographie luxembourgeoise, revient sur l’oeuvre du photographe Romain Urhausen, en faisant dialoguer ses clichés avec d’autres contemporains. Urhausen est à la croisée de deux écoles, l’école française humaniste et l’école allemande subjective. Dans ses clichés, la réalité du quotidien est traité avec réalisme et humour, couplé à une approche assez plasticienne, voire expérimentale dans certains cas. L’expo nous montre le quartier des Halles à Paris avant que le marché ne soit déplacé à Rungis, puis petit à petit, en avançant dans l’exposition, on découvre des œuvres plus abstraites. Au final, ce qui nous marque c’est sa manière de regarder différemment le monde.

A l’Abbaye de Montmajour, c’est l’Inde de 1978 à 1989 qui est à l’honneur avec Mitch Epstein, qui signe l’affiche du festival cette année. Sur cette période, il voyagea 8 fois en Inde, découvrant le pays à la fois comme touriste mais aussi de l’intérieur grâce à son épouse indienne.

Expositions Arles Associé

En plus des expositions présentées plus haut, Arles accueille plusieurs autres expos dans le cadre de Arles Associé. Pour cette édition, la fondation Luma présente James Barnor à La Tour Luma, la première rétrospéctive de cet artiste en France. Des photos de 1947 à 1987 présente le travail du photographe ghanéen à travers un portfolio d’images retraçant son parcours, de son studio photo à Accra à Londres, puis son retour de Londres à Accra pour ouvrir le premier labo de développement couleur du Ghana, avant de retourner à ses premiers amours, le studio photo et les portraits, que ce soit de famille ou pour des publicités.

Sandra Rocha et Perrine Géliot, pour la première édition du Pernod Ricard Arts Mentorship, racontent un récit poétique sur le Chiappas au Mexique, où la photographie, la vidéo, le son et la sculpture sont convoqués pour une expérience unique.

L’exposition Katalog de Barbara Iweins, récemment publiée chez Delpice & Co, présente le travail d’inventaire photographique minutieux des 12 795 objets qu’elle possédait.

Plusieurs autres expositions de Katrien de Blauwer, Joan Fontcuberta, Pilar Rosado, Klavdij Sluban, Julia Gat, Julien Gester, Jacqueline Salmon, Lionel Roux, Ezio d’Agostino ainsi qu’une quarantaine d’artistes réunis dans le programme Dress Code à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz abordent de nombreux sujets de société, à travers des mediums photographiques et visuels variés.

Spiritual Fabrics, Delphine BLAST & Bruno CATTANI

Mentionnant également l’ovni de Fisheye Immersive, avec Le Voile Interposé, une exposition qui questionne la frontière entre le réel et virtuel à base d’intelligence artificielle, de metaverse et de NFT.

Arles dans la région

Enfin, on notera que les Rencontres d’Arles s’étendent au-delà de Arles avec une fois encore le programme Grand Arles Express. Ainsi, Aix-en-Provence accueille deux expositions : Italia Discreta, une incursion photographique italienne avec Bernard Plossu et François-Marius Granet au Musée Granet, et Le Langage Silencieux, une exposition collective réunissant une cinquantaine de photos issues de la collection de la MEP, pour explorer les relations entre le photographe et son modèle.

Avignon, Châteauvert, Le Puy-Sainte-Reparade, Mougins ainsi que Marseille, Port-de-Bouc, Saint-Rémy-de-Provence et Toulon accueillent plusieurs expositions, dont Lucien Clergue (Toulon) et Mathieu Pernot (Marseille).

Tout au long de l’été, le festival photo d’Arles sera également marqué par des stages photo, événements photo, journées professionnelles ainsi qu’un événement jeune public en septembre.

Retrouvez le programme complet sur le site des Rencontres de la Photographie d’Arles.

Damien roué

Libération : Les Rencontres de la photographie d’Arles 2022 seront sous le signe de la performance

Le président du festival a présenté ce mercredi le programme d’une édition qui signe le retour à la «normalité» après deux années contrariées, et alors que la guerre en Ukraine souligne l’importance des photographes. Au menu: un dialogue entre l’image et la performance.


par Clémentine Mercier

publié le 23 mars 2022 à 20h06


L’émotion était palpable ce mercredi au ministère de la Culture pendant la conférence de presse des 53es Rencontres de la photographie d’Arles, qui se tiendront du 4 juillet au 25 septembre. Après deux ans d’interruption – une année blanche pour le festival en 2020, une édition limitée en 2021 –, la traditionnelle messe déroulant le programme des réjouissances faisait son retour rue de Valois pour annoncer, enfin, une voilure «normale» du festival. C’est pourtant le regard tourné vers la guerre en Ukraine que tous les intervenants ont rappelé le rôle clé des photographes et l’importance de leurs images dans la construction des histoires individuelles et de l’Histoire tout court. Hubert Védrine, président des Rencontres, tout en annonçant solennellement «la fin de la mondialisation heureuse», s’est réjoui qu’à Arles, les échanges entre toutes les nationalités puissent encore se faire, malgré la formation de «nouveaux blocs». On retrouvera donc cet été au festival des Bouches-du-Rhône des photographes américains, russes, chinois, indien, jamaïcain, égyptien, marocain, sud-africains, ougandais, ghanéen, norvégien… Et surtout de nombreuses femmes photographes, ce que n’a pas manqué d’applaudir la ministre de la Culture. En ouvrant le bal, Roselyne Bachelot-Narquin s’est aussi félicitée de l’attention que le quinquennat Macron porte aux photographes, fragilisés par la crise sanitaire, via la grande commande publique pilotée par la BNF et la publication in extremis du rapport Franceschini. La ministre a promis qu’elle établirait avec ses équipes un calendrier concret de mise en œuvre des préconisations dudit rapport.

Peinture et spectacle vivant

Quant au programme des expositions, divulgué par le duo Aurélie de Lanlay, directrice adjointe, et Christoph Wiesner, nouveau directeur depuis 2020, il a tout pour être musclé, plasticien et alléchant. Pas moins de 40 expositions à Arles et 15 expositions hors les murs dans le cadre du Grand Arles Express (rejoint par 6 nouvelles institutions partenaires) sont annoncées – impossible de toutes les citer ici. Néanmoins, cette année, le festival semble creuser le sillon original des liens entre image et performance, sillon dans lequel se sont engouffrées des créatrices qui ont exploré les champs alternatifs à la peinture (médium squatté par les hommes dans les années 70). C’est ce que montrera la collection Verbund, venue de Vienne, dans laquelle figurent par exemple Cindy Scherman, Ana Mendieta, Martha Rosler… A l’affiche aussi, la photographe et cinéaste Babette Mangolte, témoin privilégiée de la scène chorégraphique new-yorkaise, et Susan Meiselas qui se lance dans un projet à quatre mains avec une musicienne.


Dans la veine de la performance, Noémie Goudal prendra ses quartiers dans une exposition à Arles avec un travail poétique sur le réchauffement climatique, mais aussi dans une performance à la Collection Lambert à Avignon, illustrant le rapprochement entre photographie et spectacle vivant souhaité par le festival. Autre femme puissante célébrée à Arles cet été : Lee Miller, qui n’est pas seulement la photographe de guerre qu’on connaît, autrice de clichés de Dachau et de Buchenwald, mais aussi une grande professionnelle de la publicité et du studio. En écho à l’urgence en Ukraine, le fonds photographique de la Croix-Rouge se déploiera au Palais de l’archevêché dans une exposition qui couvrira cent soixante ans d’aide humanitaire.

Nouveaux talents et stars du milieu

Beaucoup de talents à découvrir et des signatures connues sont attendus. La chinoise Wang Yimo, lauréate du Jimei x Arles Discovery Festival, nous transportera dans une usine désaffectée en Chine et Sathish Kumar dans le sud de son pays, l’Inde, qu’a aussi explorée l’Américain Mitch Epstein dans les années 80 en compagnie de son ex-femme, la réalisatrice Mira Nair. Arles annonce aussi des expositions de Bruno Serralongue, Léa Habourdin et Julien Lombardi. D’autres talents seront à découvrir : Frida Orupabo, Sandra Brewster, Romain Urhausen, Lukas Hoffmann (qui court après des anonymes avec sa chambre photographique), Julia Gat et Julien Gester (journaliste à Libération). On verra des stars du milieu : Paul Graham en tant que commissaire d’exposition, James Barnor au Luma, Joan Fontcuberta à Croisière, Tom Wood, Mathieu Pernot, Bernard Plossu, Klavdij Sluban, Thomas Mailaender à Marseille… On ressent aussi une grande curiosité, à l’heure qu’il est, pour Barbara Iweins, qui a photographié de façon méthodique et obsessionnelle les 12 795 objets de sa maison pendant deux ans. Il sera aussi question de nouvelles technologies, et plus précisément du cloud dans une exposition sur les nuages, de réalité augmentée, de métavers et, bien sûr, de NFT (avec Fisheye). Impossible, à vue de nez, de s’ennuyer à Arles cet été.

Interview x WdKA: Alumni Julia Gat wins Steenbergen Stipendium Public Award 2021

Interview x WdKA: Alumni Julia Gat wins Steenbergen Stipendium Public Award 2021

The Steenbergen Stipendium Public Award 2021 went to WdKA alumni Julia Gat. It is the oldest photography award in the Netherlands and has been accompanied by an exhibition of the nominees’ work in the Nederlands Fotomuseum ever since its first edition. Julia's work, together with the other four nominees, is exhibited there from 3-12-2021 until 13-02-2022. In this short interview, she tells more about the winning project 'khamsa khamsa khamsa', her choice to study at WdKA and her plans for the future.

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GenZ: Genetics Ep. 2

We present to you Julia Gat, a recent Photography and Fine Arts graduate from the Willem de Kooning Academy (WdKA). We had the pleasure to go to her graduation show earlier this June and we were so mesmerized by her work that we had to interview her for TheFuglyGenZ Magazine. What inspired this exhibition? Why did she choose WdKA? How was life in New York? How has the pandemic affected the arts for young creatives? This and so much more is answered by joyous Julia in this second episode of GenZ Genetics.

9Lives: FOTODOK : BLURRING THE LINES

Dans le cadre de la 5e édition du programme international Blurring the lines, 21 diplômés offrent un panorama de la jeune création photographique néerlandaise. Au-delà des formes classiques, tous cherchent à explorer les potentialités techniques du médium et à repenser ses dispositifs de présentation.
Avec Eline Benjaminsen (KABK), Marina Caneve (KABK), Sterre Fenna van der Waals (WdKA), Anna Kieblesz (KABK), GilleamTrapenberg (KABK), Chaïm Dijkstra (HKU), Debbie Schoone (AKV|St. Joost), Frijke Coumans (AKV|St. Joost), Naomi Jansen, (WdKA), Viktor Naumovski (KABK), Fleur Jakobs (AKV|St.Joost), Isa de Jong (AKV|St. Joost), Frédérique Scholtes (HKU), Jonna Bruinsma (HKU), Boris Lutters (HKU), Tibor Dieters (KABK), Julia Gat (WdKA), Silvy Crespo (KABK), Zoë Sluijs (AKV|St. Joost), Lisbeth Luft (WdKA), et Daan Russchier (HKU).

FOTODOK
SPACE TO SEE, THINK AND LEARN
Fondé en 2008 à Utrecht (Pays-Bas), FOTODOK est un espace d’exposition et de formation dédié à la photographie documentaire.
fotodok.org

BLURRING THE LINES
Blurring the Lines est un programme dédié à la jeune création photographique développé par FOTODOK en partenariat avec Paris College of Art (FR) et Urbanautica Institute (IT). Chaque année, un jury sélectionne les contributions des cinq meilleurs diplômés d’académies internationales, qui feront ensuite l’objet d’une publication, d’une exposition et d’un cycle de conférences.

Commissaire Jenny Smets

Feature x This Pandemic Thing: "Siblings" short-film 2020

Julia Gat
Lydia Rump

Mars, Snickers and then Twix...
August 10, 2020

Julia:


I was wondering when we would all be together again. It has become so rare for all of us to be home at once, for more than a few days. Yet suddenly, out of nowhere, we are all here: 5 siblings, 2 parents, 7 cats and a dog. It felt like a time traveling tunnel, bringing us ten years back. The old jokes, habits of interaction and group dynamics felt familiar and reassuring—a family recharging its batteries.

My camera was redirected at my four younger siblings: Nina (20), Michael (18), Jonathan (15), and Sara (13), who used to be my primary models when I was starting out with photography. For as long as I can remember, I would observe and document our daily banalities. And once again, during lockdown: from mid-March till mid-May, we only went out for groceries, jogging and walking our dog Ringo.

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The sibling group bubble not only came back, but became our main occupation. We opened up the archive and looked at stills and videos we’ve made in the past years. As children, we used to film each other as a form of game–we would pretend to be journalists on news shows, sellers making ads for random products or musicians in music videos.

We grew up with an informal learning philosophy, as opposed to the traditional school system. My siblings have been my primary subjects in terms of human interaction, especially during those in-between moments of daily life. The conversation about the candy bars came up at the beginning of the lockdown. We had just finished a marathon of Tarantino films and the opening scene of Reservoir Dogs got stuck in my head—a group of characters, sitting around a table, talking about insignificant topics. I liked this indirect way of unfolding personalities and, subsequently, based my new short film around it.

Parallel to my interest in group dynamics, I have also been working on a visual research about androgyny and its complex interrelationship between gender and sexuality, something that often arises throughout adolescence. While gender and sexual expression are commonly explored in today’s art and media fields, this project aims to shed light on the visual aspect of the androgynous look, where it is possible to mix masculine and feminine attributes. With Lydia’s input and using her costumes, it became a visual examination celebrating the positive abstraction and freedom of genderless expression.

 

Lydia:


I met Julia when she was a young girl. I watched her grow up and mature as a photographer. Through unschooling her parents encouraged all of their children to explore the world, develop their curiosity and potential. It’s always a great pleasure when our two families get together. We share the same outlook on life.

I was working on my collection of dresses when Julia told me she was looking for some outfits for her short film. I have wanted to create a universal collection for a while. I work with monochromatic shades of white. For me, this is symbolic of a blank page—the beginning. This pure surface allows me to add some patterns and colors: stitches of black thread, sewn by hand or some embroidered black lines. I developed a palette of materials and techniques: patchwork, fringes, knitting, and embroidery.

I have known these kids for a long time. In their choice of outfits, each sibling reveals his or her personality.

The outfit with fringes is a mix of a short dress with textile pieces. It was put together by Nina herself. She saw herself as a bird-woman. The one worn by Michael is a short dress with long sleeves; the cuffs are knitted. He wears it like a sweatshirt. His style is cool and hip and he gives it a genderless vibe. Another ensemble is a combination of two patchworks which Jonathan drapes over his shoulders. On his face he wears a mask—a piece I created during the lockdown. He looks like a modern-day warrior. The white dress with lines embroidered in black beads is worn by Sara. I wonder if she chose this pattern to match her dog?

portfolio x médiapart: "L’éducation sans école" 2020

Depuis 2010, Julia Gat, âgée alors de 13 ans, photographie le quotidien de ses frères et sœurs, qui ne sont pas scolarisés et qui, comme elle auparavant, suivent des cours et des activités choisis par rapport à leurs propres centres d’intérêt. Elle a élargi ensuite son propos aux enfants d’autres familles éduqués de même en France, en Israël, puis aux Pays-Bas. Ce travail, nommé Unbringing, empli de couleurs et d’énergie, illustre une certaine idée de la liberté de l’enfance et a convaincu le jury du prix Isem (ImageSingulières, ETPA, Mediapart) pour la photographie documentaire, qui lui a accordé le prix Jeune 2020 (pour les autres prix décernés, lire ici).

« Upbringing (2010-2020) est une série photographique documentant l’enfance épanouie. Des jeunes, en plein jeu ou en voyage, animent ces corps libres, débordants d’énergie. Leurs dynamiques de groupe, à la limite de la chorégraphie, me servent comme terrain de recherche visuelle sur la relation de l’individu à son environnement, écrit Julia Gat en guise de présentation de son travail. Les contrastes et couleurs vives reflètent la pureté de leur quotidien, une certaine fraîcheur. »

« La particularité de ces enfants repose sur leurs environnements éducatifs : des modèles alternatifs. […] Une sensation de liberté et de curiosité ludique stimule le développement, le changement, l’apprentissage. Upbringing va au-delà de la documentation traditionnelle pour représenter l’enfance d’une manière inédite : il permet ainsi de questionner notre perception du processus éducatif, surtout lorsque l’apprentissage se retrouve dans tous les aspects de la vie. Au fil des années, le projet développe une volonté de mettre en lumière la multiplicité des formes éducatives, dans ce monde en transition. »

[…]

« Upbringing est une invitation ouverte à jeter un regard actif sur le monde autour de nous, une contemplation de ces moments d’entre-deux qui composent notre quotidien. En contribuant à la discussion sur la photographie comme catalyseur de changement positif, Upbringing célèbre la recherche d’innovation dans l’éducation, la possibilité d’une enfance plus libre. »

FishEye: Les images de la semaine du 25.05.20 au 31.05.20

Retour en images sur cette semaine. Vincent Curutchet a déambulé dans les rues désertes de la capitale française en plein confinement, pour capturer un Paris transfiguré. Avec Les Mois Noirs, Stéphane Lavoué signe un portrait sombre et poétique de la Bretagne, sa terre d’adoption. Inspirée par sa propre enfance, Anne-Charlotte Moulard capture, dans Le sentiment absent, une ville de bord de mer vide et minimaliste. Enfin, Fisheye lance sa gamme de masques de protection ! Rendez-vous sur notre boutique en ligne pour vous les procurer. Chaque image raconte une histoire, il faut cliquer sur les légendes pour les découvrir.

LOU TSATSAS

Fisheye Magazine: lauréats des Prix ISEM 2020

Christian Lutz et Julia Gat, lauréats des Prix ISEM 2020

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Les Prix ISEM, consacrés à la photographie documentaire, ont récompensé cette année deux lauréats : Christian Lutz et Julia Gat. Deux auteurs développant des visions aussi dissemblables que nécessaires.

Depuis trois ans, ImageSingulières, l’ETPA et Mediapart s’associent pour décerner deux prix photographiques, destinés à accompagner des auteurs dans la réalisation d’un projet sur lequel ils travaillent depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Lors de cette édition, près de 220 candidats ont présenté au jury leurs travaux. Christian Lutz, photographe suisse a remporté le Grand Prix ISEM, ainsi qu’une dotation de 8000 euros pour poursuivre Citizens. Le Prix Jeune Photographe ISEM – dédié aux moins de 26 ans – a quant à lui été attribué à l’auteure d’origine israélienne Julia Gat, qui reçoit 2000 euros pour développer son travail sur les enseignements alternatifs.

De l’extrémisme à l’insouciance

Explorant différentes formes d’écritures photographiques, les lauréats s’intéressent tous deux aux enjeux sociétaux. Dans Citizens, Christian Lutz documente les mouvements populistes en Europe. « Leurs arguments nous renvoient à nos frontières physiques et symboliques, préparent le terrain de la guerre sociale, des phobies, des asphyxies de la pensée, et du lien humain », déclare le photographe. Après la Hongrie, le Royaume-Uni, la France, la Pologne, l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse, ce dernier entend développer son projet en Italie, Espagne, Grèce, Serbie et Slovaquie. Un panorama glaçant des villes européennes dont « les municipalités sont entre les mains de partis populistes de droite, glissant pour certains vers le fascisme », précise-t-il.

Passionnée par le monde enfantin, Julia Gat s’intéresse quant à elle aux jeunes qui suivent un enseignement alternatif, sans école obligatoire. Une éducation qui lui est familière. « Lorsque j’étais petite, j’ai pratiqué la non-scolarisation. J’ai eu accès à un système personnalisé, préconisant des cours et des activités choisis par rapport à mes centres d’intérêt », confie-t-elle. Entre spontanéité et mise en scène, elle signe un portrait frais et coloré d’une enfance libérée. De l’extrémisme à l’insouciance, à travers cette nouvelle édition, les Prix ISEM réaffirment leur volonté d’encourager la diversité remarquable de la photographie documentaire.

9Lives: Les noms des lauréat·es du Prix ISEM de la photographie documentaire dévoilés

Bien que l’édition 2020 du festival ImageSingulières n’ait pu avoir lieu ce mois de mai – face à la crise sanitaire – les organisateurs ont souhaité maintenir le Prix ISEM. Visant à soutenir deux photographes travaillant dans le documentaire, ce prix récompense cette année Christian Lutz pour le Grand Prix ISEM 2020 doté de 8000€ et Julia Gat, Prix Jeune Photographe 2020 d’un montant de 2000€.

Le Grand Prix ISEM 2020 vient d’être attribué au photographe suisse Christian Lutzpour son projet « Citizens ». Ce travail documente les mouvements populistes en Europe, dont les « arguments nous renvoient à nos frontières physiques et symboliques ; préparent le terrain de la guerre sociale, des phobies, des asphyxies de la pensée et du lien humain », écrit le photographe qui s’est déjà rendu depuis plusieurs années en Hongrie, au Royaume-Uni, en France, en Pologne, en Autriche, en Allemagne et en Suisse, « sur des lieux (des villes) dont les municipalités sont entre les mains de partis populistes de droite glissant pour certains vers le fascisme ». Grâce au prix d’un montant de 8000€, le photographe va continuer son périple en Italie, Espagne, Grèce, Serbie et en Slovaquie. Ce travail sera exposé en 2021 au festival photographique de Sète, ImageSingulières.
http://www.christianlutz.org/

Les projets de quatre autres photographes ont également retenu l’attention du jury pour ce Grand Prix :
Brigitte Grignet (Belgique), avec un travail sur la Pologne à l’heure du parti ultraconservateur, le PIS
– Cristóbal Olivares (Chili) sur les violences exercées à l’encontre des Mapuches au Chili, violences autant psychologiques que policières ;
Alessandro Penso (Italie) sur les camps de réfugiés du centre de l’Europe, notamment traversés par l’épidémie du coronavirus ;
Mélanie Wenger (France) qui raconte l’industrie de la chasse aux animaux d’Afrique aux États-Unis à travers l’histoire d’une famille de ranchers texans.

Le Prix Jeune Photographe qui récompense un·e jeune photographe résidant en France, de moins de 26 ans, a été remis cette année l’a photographe israélienne vivant à Marseille, Julia Gat avec sa série Upbringing. La série primée documente l’enfance épanouie : des jeunes, en plein jeu ou en voyage, animent ces corps libres, débordants d’énergie. Leurs dynamiques de groupe, à la limite de la chorégraphie, me servent comme terrain de recherche visuelle sur la relation de l’individu à son environnement. Les contrastes et couleurs vives reflètent la pureté de leur quotidien, une certaine fraîcheur. La particularité de ces enfants repose sur leurs environnements éducatifs : des modèles alternatifs.

Depuis 2010, je photographie le quotidien de mes frères et soeurs qui sont non-scolarisés : grandissant dans une structure personnalisée, nous avons suivies des cours et des activités choisis par rapport à nos propres centres d’intérêt. En 2014, j’élargi ma pratique et documente la communauté des familles non-scolarisées en France et en Israël.Une sensation de liberté et de curiosité ludique stimule le développement, le changement, l’apprentissage. Upbringing va au-delà de la documentation traditionnelle pour représenter l’enfance d’une manière inédite : il permet ainsi de questionner notre perception du processus éducatif, surtout lorsque l’apprentissage se retrouve dans tous les aspects de la vie. Au fil des années, le projet développe une volonté de mettre en lumière la multiplicité des formes éducatives, dans ce monde en transition. La série continue donc en 2018, au sein de l’école Montessori De Korg à Rotterdam, avec le souhait de s’ouvrir à d’autres structures alternatives dans le futur.
Upbringing est une invitation ouverte à jeter un regard actif sur le monde autour de nous, une contemplation de ces moments d’entre-deux qui composent notre quotidien. En contribuant à la discussion sur la photographie comme catalyseur de changement positif, Upbringing célèbre la recherche d’innovation dans l’éducation, la possibilité d’une enfance plus libre.

Deux autres travaux ont aussi particulièrement retenu l’attention du jury :
Benoît Durand, sur les ravages du chlordécone, un pesticide organochloré toxique, aux Antilles
Lauren Pearso sur un groupe de militant.e.s anarchistes, féministes, anticapitalistes vivant de squatt et d’actions sociales.

Les Prix ISEM de la photographie documentaire sont attribués chaque année par le festival ImageSingulières, l’ETPA et Médiapart.

http://prixisem.imagesingulieres.com/laureats.php

Ericka wiedmann

Lewis Bush est le neuvième lauréat de la résidence BMW

Le britannique Lewis Bush a été choisi parmi huit finalistes pour bénéficier de la bien dotée résidence BMW, avec un ambitieux projet au carrefour de l'image mécanique, des contraintes sociales et de l'innovation. Il succède à Emeric Lhuisset, lauréat 2018 de la résidence. 

Cette année, le jury a reçu 250 dossiers. Les finalistes, photographes « émergents », étaient Delphine Burtin, Lewis Bush, Julia Gat, Sukayana Ghosh, Lucia Khahoutian, Stéphanie Roland, Ioanna Sakellaraki et une des références du photojournalisme italien, Davide Monteleone (avec trois World Press Photo et un prix Oskar Barnak à son actif). Lewis Bush devient ainsi le neuvième lauréat depuis la création de la Résidence BMW en 2011, avec un projet critique du fonctionnement de l’image contemporaine : « Ways of Seeing Algorithmically » met en scène les contradictions actuelles du statut de l’image en proposant une relecture de l’ouvrage de référence de John Berger « Ways of Seeing », constat que la sphère de la représentation est en permanence en surcharge d’informations « obscures », faisant de nos perceptions les conséquences d’un ensemble de normes, « voir dépend d’habitudes et de conventions ». Lewis Bush souhaite actualiser « Ways of Seeing », en l’adaptant au nouveau système visuel d’algorithmes et d’intelligence artificielle.

Le lauréat reçoit de BMW une bourse de 8 000 €, et la production des recherches et des œuvres pendant la Résidence ainsi que les expositions aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo. Un livre sera publié aux éditions Trocadéro.

Dominique Georges Bègue